mercredi 7 janvier 2015

Saint-Sulpice-sur-Lèze, le 29/12/15
Ils racontent l'émigration italienne. Les maisons d'accueil distribuaient la main d'oeuvre, répartissaient les nouveaux immigrés en fonction de leurs besoins, de leurs professions.
Ils se souviennent des grands besoins de travailleurs et de la fête du cochon.
Les noms des villages qui sonnent mélangent le son rocailleux et italien avec d'autres consonances plus gouleyantes du sud-ouest.
La coupe au bol des jours de tonte collective pour les enfants nombreux. "Pour les voisins, c'était pareil! Ils étaient tous coupés..."



"Comme une maison de retraite ... quand on veut prendre le vieux pont, on passe devant le Leader Price... C'est une grande maison, ils sont tous là-dedans, c'est pas donné!".
Il s'agit de la maison de retraite de la Tantine du Château. La nouvelle maison, médicalisée, une de ces nouvelles structures alimentant les fonds de pension. "Avant, ça ne rapportait pas assez! Et puis, pendant la messe des vieux, l'organiste cognait comme une brute sur les touches du clavier pour réveiller les vieux qui s'assoupissaient pendant l'office."

Etrechy, le 20/12/15
Les végétaux poussent sereinement dedans. Les fruits meurent et pourrissent au sol.
Alors qu'au sommet des murs fermant l'enclos, des constructions nouvelles poussent et proposent leurs nouveaux matériaux.





Le Guilvinec, le 17/11/15
Peu de temps avant la fermeture, il est venu et s'est installé devant le bar.
Beaucoup étaient partis et il a commandé une bière qu'il buvait lentement, tourné vers la salle.
Il avait entamé la conversation avec la fille du patron et quand je suis venu payer, j'ai alors eu la confirmation qu'il était bien le propriétaire du 11 mètres accosté un peu plus bas dans le port.
Il avait navigué seul depuis trois mois vers l'Irlande et revenait pour mettre son bateau en calle sèche près de Bordeaux.
Une heure plus tard, lorsque nous sommes passés près du bar alors qu'il faisait nuit, il était encore là, avec une autre bière, à discuter avec la patronne.

24/8/15
"C'est comme ça que ça arrive!", conclue le vieux après avoir longuement débattu avec les autres au comptoir au sujet du gendarme qui est mort, qu'on ne sait pas si c'est quelqu'un du bourg ou un sujet entrevu à la télévision.


Guilvinec   Gravure sur cuivre

18/7/15
Les grands jardins près du chemin partant du camping de Plouhinec.
Bien cernés de murs aux pierres angulaires, pas très hauts, avec des lignes de granit bien dessinées. La ligne au sol souvent rompue de massifs de fleurs osant toutes les couleurs.
Sur le gazon, une bonne dizaine de ballons dispersés et des enfants qui font coucou lorsque l'on passe.
La mer bien plate en contrebas et au loin, alors que dans les champs, à proximité, domine un calme en harmonie avec l'horizon.

16/7/15
Paysages arides sur les terres entre La Torche et Audierne. A proximité du camping, se trouve l'usine à galets, tout près de la mer, toute en béton, et qui a été en activité pendant la deuxième guerre mondiale. Un gros bunker, tout près, est mangé par les vagues lorsque la mer monte.

6/7/15
Dans les carnets de la fin 99, quelques dessins de pointes de javelots faits au Louvre font penser à l'Iliade peinte à la même époque. Ils sont intercalés de banals dessins de gens dans le métro.
Le carnet suivant me montre deux dessins du canal, près de la Villette et, en dos de page, des notes de couleurs pour le tableau "Antoine et Hilarion I".


Portrait III  2015  Huile sur toile  130x89cms


10/6/15
A cette époque, Ernest conduisait la camionnette du magasin, un Citroën en tôle ondulé sans la moindre courbe.
Monsour vivait dans un terrain vague avec quelques chiens rapés. Il n'avait pas de compte en banque et se vantait volontiers de sa fortune faite de petits salaires accumulés dans un coin de sa cabane (un jour, il avait fallu le soigner alors qu'il avait été trouvé à moitié mort des coups qui lui avaient été portés pour essayer de lui prendre son magot).
Bueno était un vigile avec une tête de boxeur. On disait qu'il obtenait des faveurs auprès de certaines caissières qu'il prenait en flagrant délit de vol.

29/7/15
Dans mes premières années à Paris, cette visite avait lieu dans un bureau du logement pour l'attribution d'un atelier d'artiste.
Je revois l'inaccessible personne qui accueillait le requérant plasticien m'écouter, alors que je lui expliquais naïvement ma quête artistique, mes projets de parvenir mieux à traiter du détail en peinture, et cela dans les années 80, en pleine "Ruée vers l'art".
Je revois le sourire intérieur de la jeune femme à l'énoncé de mes préoccupations concernant "le détail".

Etude pour portrait V  2015  Crayons de couleurs

27/5/15
Plusieurs fois, il passe, le nez dans son cours car le BAC approche.
Quand il était petit, il arrivait que son frère le corrige et il semblait alors complètement paniqué. Maintenant, sa barbe est très épaisse et il est resté un peu massif, marchant lentement, enfermé dans son air triste.
Le grand, lui, passe, débordé de décontraction, faisant de temps en temps quelques exercices d'assouplissement du cou, en penchant sa tête ou en la faisant tourner, comme le ferait un grand sportif se préparant pour le grand combat.

22/5/15
Bourru, il poussait les caddies dans le parking du Super M. Il disait être écrivain et ne parlait que de Céline. Au point que nous l'appelions Céline.
Comme l'autre, chez Hachette, un peu mythomane, en charge de l'audiovisuel que tout le monde nommait Godard.

7/1/15
J'avais touché le fond de l'immobilité. Je ne pouvais plus être davantage immobile, sauf à être mort.
Mort pour de bon.



Xausa 2015   Peinture sur toile   160X130cms

5/1/15
Passage du Président de la République dans le poste de radio. Ce qui s'entend et la trace de tout ce qui peut se dire ou se passer entre les différents acteurs qui décident laisse penser que la réalité est sacrément multiple et visible sous différents angles contradictoires !

4/1/15
Retrouver les notes du quotidien, un fil conducteur qui me donne des informations que ma mémoire complètera et en faire usage, si cela est possible, pour les traces ...

Le petit escalier est comme un volume carré qui monte sous les charpentes.
Les enfants en descendent après les jeux, tantôt bruyants, tantôt dans un silence laissant un doute sur la nature de leurs occupations. La maison en face est identique à celle que nous occupons et les visiteurs...
alors le livre sur les planètes s'ouvre sur les schémas et explications concernant le big bang. Les visions rapprochées du soleil montrent de belles photos rouges et jaunes de neutrinos.

Une première fois observées, des roses blanches séchées dans un vase blanc et vide. Des feuilles assez grasses devenues brunes et sèches découpent le haut du bouquet de leur apparence de bâtons disposés en étoile.
Plusieurs bouquets, deux seulement en réalité, posent, minuscules, en deux points de la pièce, n'espérant plus colorer l'espace que pas la mémoire de leur éclat passé.

Etude pour portrait XIV Crayons de couleurs

3/1/15
La réalité composée d'attentes lors des départs, avec de brefs aller-retour chargés ; avec ces regards qui s'échappent à l'occasion d'une sortie d'ascenseur sur l'ombre que fait une feuille avec l'ampoule du vestibule dans la nuit.

Dans le MacDonald, de nombreux corps aux membres épaissis, parfois avec un ventre avancé au point de se glisser difficilement entre la chaise et la table.
Les gens, comme nous, cherchaient une table, envoyaient les enfants réserver des chaises.

1 commentaire: