jeudi 20 novembre 1980




Jeudi 20 novembre
Le soir, on pénètre dans l'intimité des gens qui rentrent au foyer - ou des mères qui ramènent leurs enfants de l'école. Leurs gestes, leurs discussions du quotidien.




6 dessins de 22x16cms   Automne 1980



Mercredi 19 novembre
Depuis moins d'une semaine, nouveau changement dans les choix que je fais de mes sujets dans la rue. J'ai commencé d'abord pendant le week-end à prendre des ensembles ouverts, panoramiques, en rapport avec les fenêtres ou autres points de vue qui me préoccupaient.
Mais c'est sur d'autres points que je vois se confirmer les choses qui commençaient à apparaître il y a un mois et peut-être même dans les premiers croquis de l'an dernier.
Il s'agit de liens qui peuvent se faire entre lignes et plans nets et d'autres formes aux allures beaucoup plus hasardeuses, voire maladroites. Et cela restant le témoignage des différents aspects que peuvent prendre les endroits qui me servent de motif.
Alors qu'il y a quelques semaines je produisais plutôt des contrastes forts, je tends maintenant à aplanir mes espaces et me rapproche ainsi de l'ambiance de mes travaux de 79/80 (il était alors question encore des rapports entre la ligne et le trait).
La couleur aussi veut changer, passant de couleurs vives à des tons intermédiaires.








Espace rive gauche : combinaison de couleurs, de volumes, de matériaux plus divers et par là plus intéressants.
L'intérêt de tels espaces est qu'ils sont conçus sans projet esthétique. Autrement dit, aucune volonté d'un goût acceptable ne vient troubler l'anarchie visuelle qui règne dans les cités et banlieues. Ainsi, se marient le fer, le carton, le plastique, les peintures vernies ou murs râpeux... Tout cela encourage  diverses écritures...
Il faut y remarquer encore ces petits pavillons dont les jardins portent la marque des espaces plus larges des cités environnantes ; grillages, tôle ondulée, jouets, barrières etc...






Lundi 17 novembre
Dans le Casanova de Fellini, on voit un trucage évoquant la mer avec de l'air propulsé sous des bâches en plastique. J'ai vu aujourd'hui le même phénomène dans un jardin. Un plastique transparent protégeant des plantes et le vent qui s'y engouffre. Mais ici, le matériau étant très fin, ce n'était plus le large qui était représenté mais l'écume.

Pour compenser cette pratique déstabilisante qui me jette plusieurs heures chaque jour dans la rue, à noter le monde, il me reste heureusement quelques menus travaux pratiques et quotidiens, tels la découpe du papier, les pellicules de photos à développer, la toile à tendre et à apprêter...




Navire   Acrylique sur papier et plastique   40x30cms   Décembre 1980



Dimanche 16 novembre
Les arbres mouillés et dégarnis sont tellement plus noirs et contrastés que les troncs secs de l'été. Cela donne des tâches sombres et effilées sur les façades blanches plus ou moins jaunies qui, elles, sont composées de lignes fines et droites.
De larges couloirs sombres aux murs noirs, des fenêtres ouvertes sur des intérieurs beiges ou blancs, avec des arrêtes assez froides et nettes telles qu'on les trouve dans les bureaux pauvres et administratifs.
En marchant sous la pluie fine, il y avait à voir, du haut du parapet, les lignes jaunes des rails mouillés.
En Normandie, il y a une pluie très fine et très dense qui brouille la vue et pourtant intensifie la lumière.
Du gris-bleu partout.







Il y a des moments, dans le travail que je fais, où je suis amené à avoir peur. Il est difficile d'expliquer pourquoi ce travail dans la rue est si souvent exténuant et au surplus inquiétant.
Une impression de vide est le quotidien de cette pratique ; le paysage défile dans une succession discontinue de perceptions. Le jeu consiste à être attentif en permanence et je ne sais jamais le moment où tel motif sera choisi. Presque rien ne justifie un choix, si ce n'est telle ou telle singularité esthétique déjà présente en mille occasions.
Ma présence contemplative et apparemment désoeuvrée me rend suspect auprès des gens. Aucun doute que le passant saura reconnaitre celui qui ne va nulle part. Il faut justifier sa présence où que l'on soit. Si je dessine ou si je marche vers un point fixe, rien ne trouble l'ordre public puisque je semble déterminé dans une action.
En contrepartie, s'arrêter pour regarder autour de soi ou bien s'engager dans une rue puis revenir, tout ce qui ressemble à une hésitation sera jugé suspect. Il faut avoir l'air à l'aise et sûr de soi ; seuls quelques vieillards gâteux ou des enfants rêveurs peuvent se permettre de rester "interdits" devant notre réel. Celui-ci a d'ailleurs une telle force pour moi qu'il m'est souvent impossible de le décrire de quelque manière qu'il soit. En découlent mes doutes et ma culpabilité au moment où il me déborde et qu'ainsi mon désir de le noter finit par disparaitre.
Ne pas rentrer car rien de ce qui existe "à l'atelier" ne peut m'instruire d'une meilleure façon, même si parfois ces sensations finissent par tourner dans le vide à certains moments.
Pour en venir à mon public (celui de la rue, l'autre n'existant pas), je le trouve parfois dangereux comme les chiens qui aboient après le rôdeur.
J'ai vu tout à l'heure un chien qui aboyait, depuis la fenêtre, au premier étage d'une maison. A la fenêtre, juste au-dessus, la mémé n'aboyait pas mais me regardait d'un oeil tout aussi méfiant.
Ces longues périodes de marche dans la banlieue de Rouen sont non seulement faites pour que je voie le monde mais encore afin que j'y sois présent. Le fait de confronter mon corps à un espace m'en fait connaitre ses propriétés et mon étanchéité par rapport à cet espace. La distance immense et élastique entre soi et le monde extérieur.






Jeudi 13 novembre
Dans le groupe d'immeubles que je dessine, tout est calme et serein. On sent une bonne conscience de quelque chose. Le silence de midi, la première partie de la journée effectuée.
Le sol est de terre, clairsemé de feuilles jaunes, rares au centre de la place, resserrées sous et autour des arbres dont certains sont nus, d'autres encore verts. Verticales, horizontales se croisent sur les fenêtres. L'alignement des arbres est régulier mais les branches s'éparpillent.

Sur les bords de la Seine, rive gauche, de gros bâtiments avec des dépôts de matériaux sur le quai. Cette rive est plus active que l'autre. Des rails ont été déchaussés, les pavés retirés, un grand trou mis à jour. De chaque côté, un tas de poutres s'allonge sur plusieurs mètres.
Beaucoup de force se dégage de ce chantier ; il en va de même pour les remorques laissées perpendiculaires au quai. Des grues énormes et quelques hommes aux dimensions infimes.




Un monde  masculin fait de carapace rembourrée, des matériaux pleins alors que la ville ancienne est toute de pierres en dentelles et de bois ciselé. Cette observation s'applique sans modération pour tous les aspects pouvant différencier la rive droite et la rive gauche de Rouen.

La cité culturelle fragile avec sa charpente un peu faible, sa cathédrale soignée sous les échafaudages. La cité matérielle, celle qui produit ; le corps de la ville.

Dans un bar, rive gauche, peu de clients. Le patron les appelle par leurs noms. Une conversation s'est engagée à propos d'un chien qui a été trouvé. Un clochard habitué de l'endroit est entré avec ses pantoufles et de grandes chaussettes recouvrant le bas de son pantalon. Il porte un sac rempli de bois. Il louche fort.



Crayons de couleurs   22x16cms  Automne 1980



Mercredi 12 novembre
Les chemins aux périphéries des villes ne sont pas empruntés par les piétons qui hésitent à quitter le trottoir. Il en résulte des lieux désertés aux allures de campagne.

Bruits du vent, des oiseaux ... et des voitures un peu plus loin.

Il a fait beau ce matin jusqu'à onze heures, puis les nuages sont apparus jusqu'à 14h30.
Il fait maintenant soleil ici alors que la ville, tout au fond, est dans l'ombre. En découlent clairs-obscurs et couleurs vives.








Lundi 10 novembre
Le linge sèche (petites taches colorées enserrées entre deux masses de colombages). Il le fait en alternance avec le sol vert normand.
Le fond d'ensemble, ici, est vert vif avec du bleu vif par beau temps.
En hiver, tout cela est rythmé par les barres noires des troncs, au ras du sol, surmontées par la grisaille des branches nues tirées vers le ciel.
Au Bec-Helloin, un moine en bleu de travail, en haut d'une échelle, prend à pleines mains les feuilles mortes d'une gouttière pour les jeter au sol, constituant ainsi une bande rouge à l'angle du mur en bas.
Je voudrais qu'un rapprochement soit fait entre cet homme et celui qui entassait des pommes.







Dimanche 9 novembre
Deux hommes.
L'un, dans un camion, fait passer de gros sacs blancs ressemblant à des sacs de ciment ; l'autre les réceptionne, les ouvre et en répand le contenu sur un tas de toutes petites pommes rouges ou jaunes. Celles qui sortent roulent sur le tas encastré contre le mur.
Basculement vertical vers le bas, rotation du corps et glissement de l'objet vers l'avant.

Samedi 8 novembre
Le fait de marcher ainsi tout le jour n'est pas une fin en soi. Il ne s'agit pas d'une discipline sportive.
Le moteur de ma démarche est le plus souvent de savoir ce qu'il va il y avoir "ensuite". Les "arrêts-dessin" installent un rythme, une prise de conscience à un moment donné pour reconnaître, dans tous les sens du terme, le lieu où je me trouve. Mon corps prend ainsi conscience de ce qu'il représente dans le fil de cette distance parcourue. Et les bonnes et mauvaises surprises du parcours sont aussi à prendre.








La bande horizontale de la rive me sépare des détails de la rive d'en face, péniches, bâtiments industriels, cabanes délabrées, tout le décor actif  des marins qui passent, manoeuvrent, crient.
D'autres, à terre, travaillent de leur côté, distribuent l'essence ou déchargent le contenu des navires.
Le rythme de ces travaux semble peu répétitif, assez libre. Ce milieu ambiant me semble vivre dans une sorte d'intimité, de coupure avec le reste du monde. Les bruits sont sourds sans agressivité.
Le retour à la vieille ville est un choc, avec ses façades et tout le reste.













Il arrive qu'un des chemins empruntés soit sans issue et cela est frustrant. Il en va de même pour un endroit intéressant à noter et dans lequel il n'y a pas de place où s'installer.
Parfois les chemins se resserrent, deviennent moins urbains. Ainsi, inquiétante et brutale peut se révéler la métamorphose entre deux univers si différents. Ce changement de milieu effectué en quelques minutes est ce qu'il y a de plus excitant, comme lorsque je passe d'un sentier non battu à une voie plus équipée et que j'ai l'impression d'être enfin "pris en charge". 
La mesure du temps s'en trouve rompue.








Des camions oranges se sont installés. Un chapiteau a été monté.
Beaucoup de musique et de mouvement.








Vendredi 7 novembre
A peu près même début d'itinéraire que le lundi 27 octobre. Cette fois-ci avec la neige.
Les mêmes enfants sont dans le même coin mais ça n'est pas la récréation cette fois.
Pourtant des jeux plus frénétiques ont lieu, aujourd'hui, grâce à la neige.
Je remarque l'entrée des bâtiments : les différences entre les parties extérieures et intérieures soulignées par les couleurs des murs et couloirs.








Sur les bords de la Seine, ce matin, je remarque l'activité des pilotes de péniches allant chercher le pain ou faisant leurs premiers travaux d'entretien. Les péniches et leurs conducteurs sentent encore la nuit. Les grues qui étaient immobiles l'autre jour transvasent le sable depuis les embarcations vers les usines.

Jeudi 6 novembre
Musée d'histoire naturelle de Rouen.
Au départ, sur les murs qui bordent les escaliers sont exposées toutes sortes de denrées alimentaires, de matières, des objets juxtaposés sous verre. La finesse des systèmes d'attache, la disposition régulière et rythmée des casiers peuvent supporter la comparaison avec une installation minimaliste.
Quelques animaux empaillés sont exposés dans un environnement imitant leur espace naturel, parfois dans une ambiance dramatique comme une lutte par exemple.








De nouvelles discussions à l'école à propos de mon travail. Des malentendus sur ma démarche uniquement considérée sous le registre de celle d'un artiste sur le motif. Le public est jugé incapable de reconnaitre le sujet de mes dessins. Des gens qui prétendent connaitre des artistes comme Kelly, Ryman, Boltanski... qui apparaissent subitement soucieux de ma rigueur naturaliste.
Leur incapacité à reconnaitre que ma déambulation dans la rue fait partie de ma démarche, que les heures passées à observer le monde sont utiles à ma peinture. Ces longs déplacements renouvellent mes idées, ouvrent des voies pour mes dessins et les photos qui en découlent.
Mes interlocuteurs me souhaitent une pratique immédiate en atelier sans comprendre la nécessité de cette rupture avec mes pratiques antérieures.




9 dessins de 22x16cms   Automne 1980




Les vitrines participent aussi de la vie urbaine. Difficile et laborieux d'en rendre compte dans mes notes dessinées. Pour l'instant, je me contente de les regarder ou de les photographier.
Demander au vendeur d'entrer et de travailler à l'intérieur de sa boutique relèverait plutôt de la performance.








Mardi 4 novembre
L'environnement de notre époque a cette capacité de provoquer l'étonnement ou l'intérêt esthétique d'un oeil, ou très averti ou complètement naïf. À le regarder sans préjugé, il apparaît comme un système géométrique de bandes et d'aplats dans lequel tentent de s'insérer toutes sortes de formes plus complexes dont certaines sont mobiles. Et ces formes sont le plus souvent détachées du plan plus éloigné dans lequel elles s'intègrent.
Pour la couleur, on peut faire le rapprochement avec le système qui précède ; des zones d'ambiance homogène qui se trouvent perturbées par des touches individualisées (et ces touches peuvent à leur tour se trouver être de nouvelles ambiances si on les replace dans leurs échelles).
Tout ce système esthétique est assez contraignant pour ma vue. Mes yeux buttent partout dans les angles ou bien sont aimantés une seconde ou deux par un détail ; et cela peut recommencer.
Seules les zones sombres assurent un asile de repos ou la régularité de certains rythmes également.
Dans la rue, chaque espace est un cas et pourtant tout semble pareil.







Lundi 3 novembre
Deux choses me préoccupent dans l'organisation de mon travail.
D'une part, le froid, de l'autre la lenteur de mon système de notation dans ce que j'observe. Et les deux sont liés.
Il existe une différence énorme entre les choses telles que je les ressens et les moyens par lesquels je les saisis. Le matériel encombrant, la nécessité de travailler assis...
Il faudrait que les notes prises dans une journée soient plus consistantes et cependant plus brèves et si possible, moins ordonnées.
D'après les informations prises dans la rue, il devrait pouvoir se faire un travail en atelier, autrement fabriqué, plus plastique.
Traiter les notes prises et le travail d'atelier sur deux plans différents se complétant ?




Femme derrière une vitrine   Acrylique sur papier et plastique
150x60cms   Novembre 1980




Dimanche 2 novembre
Trélon (Ardennes)
Bien plus de feuilles mortes au sol ici qu'en Normandie. Ainsi que des flaques glacées avec un ciel étrangement bleu et des arbres nus agités par le vent. Premières impressions de l'hiver.
Les couleurs qui étaient aux sommets des arbres, une fois tombées sur le sol, ont bruni et se mêleront bientôt à la terre.
Cette révolution des saisons est moins présente dans le sud de la France.
Les routes depuis Paris ne contournent aucun relief. Et si, au sommet d'une légère colline on contemple son chemin, on le voit filer droit, se rétrécissant dans la perspective, faisant quelques légers décalages.



3 dessins 22x16cms   Automne 1980


Belgique
Les villes belges sont encore plus noires que les villes du nord de la France.
D'une hauteur de Chimay, on voit un groupe de toits noirs bien compacts avec un bulbe qui domine. La clientèle des bars est familiale ; jeunes et vieux dans le rituel - bière et cigare - du dimanche.
La vitrine d'en face présente sur un fond jaune un panel de ronds blancs éparpillés.

Il y a une vieille femme de 77 ans,  à Trélon, que papa appelle "z" voulant prétendre par là à quel point elle est tordue. Elle vit avec sa mère de 99 ans et elles disposent dans l'escalier d'une installation, un siège mobile, permettant de monter et de descendre l'étage.
La mère est toujours dans un fauteuil, le même dans lequel je l'ai vue il y a quatre ans et ses signes extérieurs de vie pour le visiteur sont quelques mots qu'elle prononce et sa main qui tremble avec le chapelet.
Je sis déçu par la rencontre avec la fille, pas si tordue et exubérante que ça. Elle occupe un lieu entièrement rempli par les prières ainsi que tous les liens de ce qui touche à Dieu. On prétend qu'elle est restée enfermée chez elle pendant dix ans, il y a quelques années, sans voir personne. Tout un mythe tourne autour de ces deux femmes qu'illustrent assez bien les proverbes accrochés aux murs.








Vendredi 31 octobre
Le train, son architecture intérieure faite de plans et de cloisons. De la même façon que tout l'espace urbain contemporain fragmente les corps, celui du wagon en masque certaines parties ou les dédouble dans les jeux de miroir que font les vitres. Sans parler de la vitesse ou du croisement des autres trains que j'entrevois derrière le couloir.
Jardin publique. Ses liens avec le passé qui font écran avec le contact réel. Chaque objet, chaque évènement est porteur de symboles.

Jeudi 30 octobre
Du trajet entre Le Havre et Paris, je retiens les transformations successives du vert, devenant de plus en plus rompu, sa cassure de plus en plus nette avec le bleu pur du ciel. Bleu parfois troublé par les nuages blancs ou gris-bleu. Le vert est, quant à lui, taché de toutes les couleurs connues des arbres en automne.
Les reliefs reliant plaines, collines et vallons. Il en résulte des angles au sol d'ouverture très large.
Cette disposition subtile de plans entre eux, séparés ou non par des fossés ou bocages, fait rêver à des dispositions minimalistes au service de ces formes.
En arrivant dans la région parisienne, le paysage se courbe grâce aux collines et il se révèle dans des jeux d'ombres et de lumières. Le paysage se fait volume suggéré par endroits en des zones d'ombres subtiles ou prononcé durement par un repli noir que la lumière ou le soleil ne peuvent pas du tout atteindre.







Mercredi 29 octobre
Dans les sous-bois où les feuilles mortes abondent en des tons jaunes ou autrement colorés, tranche la boue noire.
A l'abbaye du Bec-Helloin, on peut monter au sommet d'une tour carrée (des arrêtes de laquelle émergent quelques sculptures) et dominer toutes la campagne alentour.
Un plancher sert de support à un système de cloches dont la disposition est intéressante. On y voit quelques signes ressemblant à des chiffres romains.
Au bas, des fragments de colonnes antiques, coupés à ras comme des troncs et alignés. La vue d'ensemble propose un ensemble de taches grises, jaunes, vertes.
Un fil de fer est tendu, en suspension à deux mètres au dessus du sol, sur une trentaine de mètres de long. Un chien a sa laisse accrochée au fil et peut ainsi circuler de long en large. Une trace sur le gazon s'est ainsi faite correspondant aux trajets du chien.
La brasserie au coeur du Bec-Helloin ; sa clientèle bourgeoise, avec ses airs d'entre-soi, me rappelle le public rencontré au départ de la course de voiliers La Baule - Dakar.


Mardi 28 octobre
Les ouvriers d'en face arrachent un plancher. Ils finissent par soulever les poutres après avoir enlevé la première couche plus fine des planches. L'escalier n'émerge plus du plancher mais au contraire il fuit par un trou carré et net.




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Des bateaux sont attachés sur le bord de la Seine. Une série de remorqueurs ou de bateaux de sauvetage, très trapus, de couleurs assez crues. Munis de crochets, pivotant sur un demi-cercle avec une roue. Toute la force est concentré sur les cordages, les poulies, tout l'appareil de traction.
Du côté de la zone industrielle de Rouen, près de la Seine, c'est le royaume du fer et des assemblages de force. Absence de mouvements pourtant et rareté des passants. Quelques manoeuvres seulement, parfois inquiétants, solides comme les machines. Tout semble marginal au monde urbain du centre ville, les quais avec les péniches, poids lourds...
Le quartier des manufactures plus rassurant, plus mixte aussi. On sent la famille plus présente. Présence des maisons, des jardins.







Lecture du journal de Pontormo dans le journal Macula. Les préoccupations simples et d'ordre vital de ce peintre du 16ème siècle. Combien plus complexes nos histoires contemporaines personnelles.

Lundi 27 octobre
Des ouvriers démolissent la maison d'en face. Ils utilisent des massues, des pelles, tronçonneuses. D'abord sont éclatées les pierres avec les mortiers. Derrière, il y a du bois ou des roseaux arrachés avec les mains. Le tout s'écroule au sol. La maison descend petit à petit jusqu'aux gravas.






Chez les tout petits enfants qui jouent en récréation, il y a des mouvements très vifs mais souples. Beaucoup de rondeur dans les gestes particuliers ou dans les mouvements d'ensemble. Les liens physiques ou moraux qui relient ces corps sont sans pudeur. Avec un regard exclusivement esthétique on peut penser à des molécules qui se collent puis se détachent.

Le jaune imprimé sur les revêtements des trottoirs ou de la chaussée. Ses liens avec les couleurs artificielles dans les vitrines, les affiches ou les vêtements des piétons. Ce type d'assemblages est très fréquent sur les petites places marchandes. Dans cette région, le noir ressort très bien également.

En contrebas d'une route, la vue sur quelques toits de maisons peu récentes, celles que l'on peut voir à la périphérie de Rouen. Un toit jauni, ou roussi par la présence des feuilles mortes, un autre très vert de mousse. Les deux premiers étant en tuiles rouges. Un troisième en tôle ondulée est clairsemé de pierres, de planches et de mousse.

Sur le plateau au dessus de Saint E..., il y a plusieurs pavillons avec des jardins. Un grand champ aussi avec des pommiers et des vaches. Un jardinier est occupé à couper le gazon. Il est assez bien équipé.
Dans ce coin là de Rouen, un mariage intéressant se fait entre le neuf et l'ancien. L'observateur est sans cesse renvoyé d'un matériau à l'autre, sans parler des différentes formes d'architectures. Cela attise le désir de poursuivre plus loin son trajet.
Il m'est d'ailleurs difficile de faire deux dessins dans un même type d'espace et je ne prends parfois aucune note dans un endroit car il ressemble trop à d'autres visités précédemment.




Imaginons une jeune femme qui, postée à sa fenêtre dans une villa assez vieille, regarde avec une longue vue les gens et jeunes gens qui passent à pied sur un chemin peu fréquenté. Entre deux passages, elle a le temps de regarder les murs qui cloisonnent le chemin, la végétation qui pousse dessus ou dessous, plus ou moins dense selon la vieillesse du mur. S'il y a une pente, le mur est incliné ou en escaliers.

Deux femmes sportives rient tout en parlant avec agitation et complicité. Une autre fait aboyer son chien depuis sa fenêtre puis descend discuter avec les deux autres et leur montrer les talents de son chien.

A proximité du pont se trouvent des souterrains permettant de traverser le croisement, soit par les côtés, soit en diagonale. Sur le bâtiment au-dessus glissent des lettres de néon composant des slogans publicitaires.







Dimanche 26 octobre
Étretat. Deux ou trois maisons très anciennes aux matériaux divers, briques rouges, bois, vitres de couleurs différentes, ardoises. Formes étonnantes et compliquées.
Une église au sommet d'une des deux falaises, phoques en pierre sous le toit.
Mariage entre quelques archaïsmes et des formes plus modernes et techniques.






Je mets en parallèle l'observation d'un potager avec ce que j'ai pu observer dans les jardins des plantes. L'organisation des plantations séparées par des allées, certaines très étroites, permettant tout juste le passage du jardinier, d'autres plus larges. Les grosses gouttes de rosée, en Normandie, à peine visibles sur certains végétaux, énormes et blanches sur d'autres. Le rouge lisse des carottes émergeant à peine de la terre grumeleuse surmonté d'une large tache verte.

Samedi 25 octobre
Bolbec
Le mur d'arbres face à la maison ; dessous, une allée de feuilles rousses de forte densité.
D'autres feuilles tombent, dans un mouvement s'accordant avec celui des branches. J'observe les mêmes feuilles, éparses plus loin sur le gazon.
A l'hôpital du Havre il y a un vieux bâtiment couvert de lierre rouge-orangé, encore taché d'un peu de vert. Deux fenêtres rectangulaires, aux bords mal définis, d'autres arrondies sur le haut.
Et puis, sur le jardin d'en face, le gazon et au delà les arbres verts, plus vifs.

Vendredi 24 octobre
Un lieu, qu'il s'agisse d'un bâtiment ou d'un jardin, n'a pas besoin d'être clos pour donner à la personne qui l'occupe le sentiment d'être protégé.
Quelques briques détourant un gazon peuvent suffire à ce sentiment de calme sécurisé qui peut régner dans un jardin publique. Le signal administré de toute une organisation agissant au service d'une représentation de la nature.








Dès que je sors du jardin, je suis à nouveau jeté dans le mouvement des piétons ainsi que le jeu roulant des automobiles. Sans compter le son des pas, les voix plus ou moins marquantes, tout ce qui peut personnaliser  tel ou tel espace.
Sortie des écoles, toutes sortes de petits évènements intéressants. Des couleurs dans les jeux d'enfants, les balançoires et autres jeux des jardins.

Jeudi 23 octobre
Dans ma chambre assez sombre, un éclat de lumière venant de la pénétration d'un rayon de soleil constitue un évènement pour cet espace.
C'est une révolution d'une nature un peu comparable à un trait sombre et large qui viendrait s'introduire dans un croquis léger et de tempérament discret... un trait large et sombre dans une journée fertile en notations légères et aiguës.

Mercredi 22 octobre
Dans la rue, tout est mouillé. À l'intérieur, les visages sont blancs. Le mouvement est mou et les couleurs ternes. L'espace froid.
Propagandes sur les couvertures ou assurances pouvant protéger des catastrophes, les pompiers, hôpitaux...ou bien les possibilités de fonder un foyer solide.

Les bâtiments sont conçus pour contenir le plus de surface habitable possible dans un minimum de volume. La fonctionnalité atteint son apogée. C'est le lieu statique le plus petit dans lequel une masse humaine puisse évoluer. Les gens passent par un couloir d'entrée, sont ensuite distribués sur les différents niveaux à l'aide d'un autre couloir vertical (un des seuls corps du bâtiment donnant des signes de mouvement) et la distribution se fait ensuite vers les appartements.
Là, les mouvements humains changent de nature. Les individus, une fois parvenus dans leur appartement changent sans cesse de direction, multipliant les va-et-vient entre la table et l'évier, le salon et la cuisine... Des décisions sont fréquemment prises ou renouvelées.






Il pleut. Dans la rue, un homme passe avec une brouette sur le trottoir. Il fait un mètre, ramasse quelque chose au sol, et recommence.
En fait, depuis un moment, il a disparu.
Il réapparaît sur le trottoir d'en face, il est lent.
Il ne pleut plus.

Mardi 21 octobre
Paris - Bar dans le 17ème
Sur la table, d'un rouge très vif mais pas de la même nature que la façade d'hier.
Le papier sur lequel figurent, photographiés, une assiette, des couverts, un verre, fait office de nappe. La perspective du verre est fausse par rapport à la position du mangeur et le fond n'apparaît pas, nous laissant dans la frustration d'un simple collage.
La perspective des différentes tables est donc rouge, avec des fauteuils vert-olive portant une fine bande du même rouge que les tables.
Les murs sont rose clair et marron.
Il faut beaucoup de curiosité pour être sensible à un décor si différent de celui que l'on a dans les autres cafés. J'oublie un vieux poêle blanc-cassé dans le prolongement des petites tables et l'absence de client rendant plus sensible cette impression de désuétude.
Les trous dans les rideaux -trous faits par des cigarettes- donnent, selon les plis, soit sur la rue, soit sur un autre pli. Parfois même, une moitié de rue coupée à la verticale par une moitié de rideau.

La place du Général de Gaule, avec ce large mouvement circulaire des voitures. Les trottoirs larges autour, et un trafic de piéton proportionnel à celui des véhicules.




Crayons de couleurs   22 x 16 cms   Automne 1980




Lors de notre accident, en Bretagne, à la tombée du jour, les piétons étaient nombreux et nerveux sur le talus autour du véhicule et les voitures allaient tout près, à un flux  ralenti.






Le type de pratique artistique que j'ai engagé, il y a quelques semaines pose toutes sortes de questions, à commencer par la décision du choix du motif. Rien ne justifie que je m'arrête à tel ou tel endroit pour dessiner. Si la température n'est pas trop froide, les arrêts pourraient être beaucoup plus fréquents. L'écriture et la photos sont des supplétifs bien commodes en appui au dessin qui ne peut pas saisir tous les aspects de ce que je perçois.



3 dessins   22 x 16 cms   Automne 1980



Quand j'ai dessiné AA34, il y avait un jardinier qui avait déroulé une longue bande de plastique transparent sur le gazon (entrecoupée par endroits). La texture argentée et brillante de ce support contrastait avec la matière rugueuse de l'herbe.
Rien ne m'empêchait de me sentir le public d'une performance avec son entrée, son exécution et sa sortie de scène.
Sur la place de Beaubourg, un chinois de très petite taille au milieu d'un ensemble de musiciens hilares. Il est difficile à observer, fréquemment caché par la foule qui passe ou circule en tous sens.






Lundi 20 octobre
Hôpital de Dinan
Le plus beau volume vivant visible des carreaux de l'hôpital est une maison avec sa façade de lierre rouge et son toit gris. Un sillon blanc, important pour l'efficacité de l'ensemble, sépare les murs du toit.
Le rouge est à peine orangé et il vibre comme un tableau d'Albers.
Une autre façade est le pendant de la première, beaucoup plus étroite et de couleur moins intense.
Dans le même champ visuel, une grue d'un jaune un peu sali apparait comme par vibrations plus ou moins vives.

Dessin   22 x 16 cms   Automne 1979


Dimanche 19 octobre
Course La Baule - Dakar
Troublant monde de l'entre-soi, les signes extérieurs de reconnaissance dans le comportement, les vêtements ou objets transportés.
Grands bateaux carrés avec un filet au centre, d'autres normaux avec une seule coque, diverses couleurs, formes... De gros bateaux à moteur pleins de gens qui préfèrent voir partir la course depuis le large.
Il s'agit pour le public d'être le plus matelot possible, la semaine prochaine, peut-être s'agira-t-il d'être le plus pilote, le plus aviateur ou le plus artiste...
Le clou du spectacle est le navigateur Tabarly. Il est aussi le plus applaudi, le plus photographié.

Vitesse très rapide, cliché du tracteur, freinage, suspension du véhicule qui n'adhère plus, choc.
Éveil, bruit, blessé, gémissements, arrêts, curieux.
Ambulance, calme, hôpital.
Tous et tout est en blanc avec un peu de gris au mur.
Ça circule avec des bouteilles en plastique transparent. Les produits, à l'intérieur, les teintent dans des couleurs voisinant le rouge ou bien le jaune. Les formes et contours sont saillants , faits dans des matériaux comme le fer ou le verre. C'est là le plus inquiétant avec l'odeur. Tout cela destiné à s'appliquer sur des tissus souples, pouvant se déchirer.
Cela relève du quotidien pour le personnel alors que c'est exceptionnel pour le patient.



Crayons sur papier   22 x 16 cms   Automne 1980



Samedi 18 octobre
Je veux parler un peu de l'espace dans lequel je dors près de la Trinité, la chambre d'un autre...
La sobriété me va avec ses murs couverts de bois, ses placards et volets lisses, les photographies de voiliers sur le mur. Des coins, cloisons empêchent le regard de tout embrasser d'un point unique.
Si j'ouvre la porte, je débouche sur un hall blanc-amande avec trois portes que la lumière inonde avec une dominante jaune.
Les bruits d'une douche engagent mon imagination vers d'autres univers que ceux que j'ai sous les yeux.

Chapelle Saint Philibert.
Église bretonne décorée très simplement. Elle porte en elle la conscience du danger partagé entre les paroissiens au sujet de la mer. La chapelle porte les traces de cette angoisse. Cela apparaît au travers de représentations maladroites qui semblent faites par des artistes éloignés des apprentissages des  grandes villes.

Bord de la baie de Quiberon. Petite barque sur un sable lisse, fin et mouillé d'une couleur et d'une lumière fondues avec celle du ciel, son soleil couchant et encore blanc.
Les deux ou trois couleurs vives de ce tableau n'appartiennent qu'à la barque.



Dessins au crayon   22 x 16 cms   Automne 1980



Vendredi 17 octobre
La Bretagne sent un peu le chien mort !
Là, une maison couverte de lierre rouge, fermée d'un poteau à poils rouges.
Soleil orangé, mur suivi, mur rouge, mur blanc.
Un vieux monsieur monte, l'autre descend ; ils se parlent, puis se séparant, doivent se parler de plus en plus fort parce que l'un descend et que l'autre monte. L'autre est trop loin et nous sommes en bas, alors le monsieur nous parle.
Au bar, il y a un aquarium avec des poissons-aiguille au nez en trompette, des crabes, des hippocampes, crevettes... J'en observe les mouvements.

Éviter une production laborieuse, ne plus faire se succéder peintures sur peintures, revenir à la qualité, au désir. Éliminer le scrupule.
Ma démarche actuelle est entièrement opposée à celle, minimaliste, qui précédait à Aix en Provence. Elle reste pourtant cérébrale, préoccupée de réflexions autour du regard, de questionnements autour de l'espace et du temps. La réalité  muette et immobile sur laquelle nous bougeons.
Les deux démarches (Aix et Rouen) tendent à tout mettre à plat et à supprimer les échelles de valeurs qui hierarchisent le regard sensible que nous sommes sensés avoir sur les choses. Les choses banales sortent ainsi de front avec les choses jugées nobles esthétiquement.
La manière de faire devrait suivre aussi cette logique prise lorsque j'aborde mes sujets.






Mardi 14 octobre
Rouen 9h-11h Travail sur l'île
Il s'agit de circuler dans un lieu et d'en rendre compte. Le plus dur est de faire en sorte qu'existe un lien entre le lieu que je visite et les dessins réalisés.

Textes, dessins et peintures doivent s'appuyer entre eux pour témoigner des lieux visités.
Comment une succession de signes identiques dans une pratique passée se trouve transformée s'ils sont faits devant le motif en signes différenciés.
-604- Les mollets de la vieille dame dans ses chaussures. L'affiche à dominante rouge "les pompiers". La moquette -627- Jeune fille môche. Elles s'en vont. -502- Vite, vite. Bientôt. -586-
-525- Que de noirs. Silence. -676- Dame en bleu. Bien. La pente dans la salle couverte de moquette. Les plantes contre la grille. Le carnet stylo. Fers forgés. Vert rose. Le mal aux pieds, à la gorge. Ceux qui rentrent ceux qui sortent. Une dame en beige. Parfum.
-586-Magasin de fermetures éclair. Très bel étalage plein de couleurs.
A5, A6, A7, A8. Lieu assez sauvage sur l'île. Genre de coin où on emmène son chien promener. Il faut, en ces endroits, consulter le sol avant de poser son pied.
Il y a aussi des gens qui pêchent. En gros, c'est un lieu marginal par rapport à la vie sociale et active.






Petit bilan - qui s'impose au premier jour où s'accomplit cette pratique inquiétante qui consiste à voir, à sentir et à prendre note de tout dans l'immédiat.
D'un côté, l'immensité des perceptions qui peuvent m'atteindre dans un espace étendu comme Rouen. D'un autre côté, cette immensité est relative et plutôt consécutive à cette volonté d'être totalement disponible aux choses rencontrées pendant tout ce temps passé dans la rue. C'est même en partie vain si l'on considère que l'esprit s'échappe en permanence et même y compris dans les moments où des prises de notes sont effectuées.
Un simple regard sur le travail effectué a un peu le pouvoir de me rassurer car il s'en dégage une trace assez proche du trajet que j'ai effectué. C'est la question du temps qui est toujours présente - qu'il se fut agit il y a quelques mois des écritures répétitives et minimalistes- ou maintenant dans ce rapport de réactions graphiques ou écrites que j'ai avec le réel.






Du mois d'Octobre 1979 au mois de Mai 1980

Aix-en-Provence
Je travaille et vis à Aix.
Je n'ai pas de trace écrite de cette époque.










Les dernières traces de cette période annoncent ce qui suivra à Rouen, pendant les deux ans qui suivront.



Accrochage Aix-en-Provence Juin 1980


Il s'agit de petites peintures à l'acrylique noire sur des morceaux de toiles ne dépassant pas un A4.
Ces esquisses peintes sont faites devant le motif avec une grande économie de gestes, souhaitant gommer toute trace d'expression.


Acrylique sur coton   3 peintures de 25x25 cms environ   Mai 1980



Le travail de gravure qui suit trouve son aboutissement dans deux grands polyptyques qui seront exposés à la médiathèque de l'école des Beaux-arts d'Aix-en-Provence.














Accrochage Aix-en-Provence Gravures sur métal   Mars 1980   600 x 30 cms

Il s'agit dans les deux cas de plaques de gravures couvertes de petits traits placés dans des entrelacs de lignes. Sorte de gestes répétitifs (répétés à nouveau grâce aux moyens de la gravure) imitant un peu l'esprit très "réservé" des minimalistes américains dont je n'ai pourtant entendu parlé qu'après. Ce sont plutôt les recherches de "Support - Surface", elles-mêmes un peu héritières du minimalisme qui m'ont influencé dans cette démarche artistique.



Aix-en-Provence   64 gravures noires et magenta   Février 1980

A l'origine, en 1979, plusieurs séries de dessins à l'encre de Chine, au graphisme répétitif.
Egalement des collages issus de textes de journaux ainsi que de numéros de téléphones extraits du bottin.


Composition abstraite    Encre de Chine sur papier   135 x 50 cms   Fin 1979