jeudi 10 novembre 2011


Accrochage de "La Reine de Saba" octobre 2011


La Reine de Saba   2011   300 X 200 cms


12/10/11
De toutes sortes de manières, ils tournent et elles tournent, des poussives aux cuisses molles et roses, des branchées à la petite foulée élégante ou le gros balourd à la foulée bruyante qui chasse la terre.
Les enfants en rang, à une fréquence plus rare mais pas moins régulière que celle d'un train.
Des groupes portent avec eux la bonne parole de l'entreprise qui les paie ou quelque fois les convoque à une pré-embauche, une formation. Ceux-là, au centre du gazon, avec des costumes neufs endimanchés, fument avec des jeunes femmes soignées comme des hôtesses.




5/10/11
"On va s'aimer..." sort des bouches noires des hauts parleurs. Alors la dame glousse en regardant la petite fille qui tourne au volant de son hélicoptère et "comme un avion sans aile..." reprend la bouche noire supportant notre américain français qui s'essaie à la peinture. "Les grandes nuits blanches...y'a pas d'éclair..." et les voitures passent et suivent les mouvements du manège. Mamie bat la mesure de son pied suspendu au dessus du trottoir.

29/9/11
Les jeux sont dispersés sur toute la surface de la cour. Les mamans, encore jeunes pour beaucoup d'entre elles, sont rangées sur le bord, le derrière appuyé sur deux longues tables ou assises sur des bancs contre le mur derrière les tables.

21/9/11
Elle s'était installée sur une place de stationnement et elle dessinait. Une voiture avait voulu se garer. Alors, s'était-elle maintenue en place, refusant de changer son point de vue afin de terminer son dessin.

Le ballet des taxis qui avancent d'une case à chaque client qui s'enfourne dans le véhicule tête.
Deux écoles : ceux qui éteignent le véhicule entre chaque avancée et qui ont la tête plongée dans un journal ou un Ephone, ou celui qui attend en laissant tourner son moteur diesel.


3/9/11
Une grosse bête lui est agrippée dans le dos. Bleu outremer, assez pâle, une image de broderie sur sa peau blanche, à la surface d'une chair molle.
Le slip porte une ligne bleue à l'emplacement de l'élastique. 
La scène s'encadre des losanges d'une fenêtre entrouverte.

30/8/11
Avant d'entrer, en descendant vers les tunnels, de petits points lumineux scintillent sur les marches. Dans les cabines, l'air devient lourd. Les corps se côtoient, l'énergie, la volonté de fuite contenus sur les visages, circulant à travers les doigts, les deux pouces exécutant leur danse sur le téléphone.

L'histoire vient de l'affiche. La plus talentueuse est détachée du groupe de femmes. Elle entrouvre la bouche et simule un pas sur le côté.
Sur l'affiche qui suit, ce sont les mêmes avec à droite, encore, celle qui veut sortir de l'affiche en ouvrant sa bouche et son pas au public qui sommeille encore.

22/8/11 Le Guilvinec
Probablement autour de 1995, il y avait ces quelques carnets, peut-être même dès la fin 93. Ils étaient rigides avec des feuilles très fines, sous la forme de blocs collés.
A cinq heures du matin, au premier étage de la rue du Tintoret, avait été dessinée la petite télé, tout surpris que j'étais alors qu'on puisse allumer à une telle heure et même exécuter un dessin. De nombreux dessins au crayon noir et aux crayons de couleurs ont été faits sur ces carnets.

A cet instant, ils étaient juste en face, le grand monsieur costaud tout noir, une sorte de trou noir qui évolua dans la lumière saturée de la plage avant de s'engouffrer doucement dans la mer. La femme, dans son apparence de belle-soeur douce mais pas docile, porte un short mou en coton gris et un débardeur plus foncé trahissant la lourdeur ferme de sa poitrine. Un chignon foncé assure le contrepoids.
La bête aquatique ressortira bien plus tard de l'eau plate et lourde, exprimant d'une voix virile les bienfaits de son bain glacé et la capture de nombreux berniques. Il porte un collier très fin, comme Golaud.




21/8/11
La bonne idée, c'était de jeter un seau d'eau sur tonton.
Un des nombreux enfants de la fratrie s'en charge. Il ose, tandis que les autres s'installent à proximité, jouent à s'enterrer, nagent avec la planche de Luc ou mangent nos gâteaux.

20/8/11
Ils s'installent à la longue table et tous les regards se portent à droite vers le grand tableau noir où figurent les préparations de la mer. Ses yeux verts ombrés comme ceux d'un rapace signalent la personnalité de Madame et la nuque de Monsieur nous dit tout sur la nature des rapports du couple en présence des parents.
La petite fille au bout de la table, toute féminine avec ses nattes et tout à fait centrale.

16/8/11
Elle a eu une espèce de crise de larmes, le corps à moitié immergé dans l'eau, tenant d'une main sa planche à voile orange et blanche. La mère est au bord des premières vagues et le patron accoure pour voir et dire que rien n'est grave.
Probablement une crise de nerfs de l'adolescente, à force de tomber, de remonter sa voile, ou bien le matériel qui  n'est pas tout à fait adapté.
Le soleil baisse et rend éblouissante la partie droite de mon champ sur l'eau.
La famille de la jeune femme se resserre, les hommes rentrent de leur propre virée et chacun commente son après-midi. Tout est plié, le groupe une fois rassemblé, prend le chemin de la sortie.

14/8/11 
Ils sont à genoux dans une petite barque rouge et approchent de l'embarcadère  en pagayant.
Le gros monsieur les interpelle fortement, son ventre rebondi calé vers l'avant. Du haut des rochers, il accompagne la venue des arrivants.

10/8/11 Saint Sulpice
Nous avons souhaité nous baigner dans cette espèce de torrent sans pente, large et peu profond. Pourtant, le courant glacé nous a fait franchir plusieurs dizaines de mètres avant que soit atteinte l'autre côté de la rive.
La nuit précédant notre départ de Canich, à l'extrémité de notre voyage en Ecosse, j'ai dû bousculer ma paresse pour marcher jusqu'au pont surplombant le torrent et savoir déjà que ces tentatives de communion sont vaines.
La beauté de la nuit, à notre approche, ne fait que se concevoir et nous échappe au même instant. La dire, la dessiner, tenter une restitution ?

Sous le château de Restinclière, nous recherchons de petits morceaux de céramiques émaillées.

8/8/11
Le grand jeu des oies et quand tout se calme dans la basse cour, de petits balbutiements. Le bec à peine entrouvert.

31/7/11 Font Romeu
Si tu t'allonges sous les sapins, après le pique-nique, alors les branches velues des arbres commenceront à se balancer avec le son du vent et tu entendras des bribes de phrases racontant les abricots et autres mots qui reviennent en des intonations de plaisanteries alternant avec les cris des enfants.
Les branches et les pommes de pins grattent les avant-bras dans l'attente du chatouillis des fourmis : alors tout doit cesser précipitamment. Des décisions rapides doivent être prises avant la piqure.




26/7/11 Montferrier
A l'entrée du domaine de Restinclière, les habituels affichages signalent l'oeuvre d'art éphémère "in situ", les bouts de planches ou de plastique qui vont faire acte pour une poésie fragile. Tous les dialogues possibles viennent en tête pour dire à ces artistes que cette voie est totalement sans issue, déjà rabâchée, soutenue et re-soutenue par les institutions régionales.

22/7/11
Lors des voyages, notre pouvoir de changer l'échelle de notre évolution dans le paysage.
Ne plus être sur l'autoroute, s'arrêter au hasard d'un village. Le dessin d'un point de vue n'est encore rien quand on n'a pas été mettre ses pas dans le lieu représenté.

22/6/11
Avec les courants d'air, les vertiges de la moiteur, un petit sac carré accompagne nos pas, semble nous suivre dans le mouvement continu de notre démarche.
Les lumières métalliques de la ligne 13 avec son environnement bleu. L'outremer des sièges et le timbre métallique du noir au Walkman sur ma droite.

19/6/11
Les deux gaffons conversent, avec un des deux assis, le grisonnant qui ne dit rien et qui subit plutôt les assauts de gestes, les mouvements en moulinets du debout à casquette. Les portes vitrées, à plusieurs endroits renvoient les reflets d'un autre monde, celui aérien de la rue claire, aux alentours, donnant au regard de celui qui note la sensation du cinéaste introduisant dans le récit les artifices d'un flashback.



16/6/11
"Qu'est-ce qu'il fait du bruit ce train. C'est un train du moyen-age !"

La rame a sonné et une voyageuse descend l'escalier du métro en courant. Ceux qui montent pour sortir se retournent an même instant pour voir si la course entreprise a été un succès inespéré.

Le costume de flanelle grise tombe en une masse flânant au détour des angles. Le visage basané taillé à la serpe. D'autres corps aux caractéristiques précisées par une coupe, un sac, un haut, un bas sont débarqués et remplacés par d'autres si différents.

Plongée dans un journal cachant le visage, ignorant le reflet d'une silhouette au nez émergeant d'un rideau lisse et noir ; apparaissent au creux du journal les clichés colorés des titres racoleurs, masquant l'autre visage rose et faisant face.
Le sac, petit objet, se cale entre les pieds suspendus sur des talons de sandales. D'autres mollets ont fait leur entrée, noirs et entachés de pois blancs. Des sandales à petits talons, aux motifs écossés en noir et blanc, en sont la base.

12/6/11 Voyage à Jauche (Belgique)
Plusieurs personnes se sont succédées, certaines plus agées prenant la parole.
Le rythme était lent avec des harmonies fluctuantes qui portaient à la sérénité, voire au sommeil.
Les enfants, plus agités, avaient leur propre cérémonie au sein de la sacristie.




7/6/11
La veste rose bonbon est surmontée d'un chapeau blanc coupé d'un bandeau noir. Les cheveux du garçon sont blonds, sa langue nordique.

25/5/11
La rencontre un peu exceptionnelle dans le métro de telle ou telle personnalité remarquable constitue un petit évènement en soi, une aimantation vers la combinaison singulière de plusieurs éléments. 
Un couple d'Africains en vêtements riches et traditionnels sont imposants au point de ne pas occuper le même carré de sièges. Contrastes dispersés d'aplats de couleurs vives ou d'ébène que la chaleur de leurs voix rassemble.

Le pantalon est noir avec des fentes en travers des genoux, mais en dessous, luisent des genoux habillés d'un deuxième pantalon, celui-là brillant mieux qu'un collant.
A sa gauche, une vieille femme à 'apparence d'une sorcière est plongée dans les nouvelles que sa bouche édentée et ouverte semble épeler en silence.





Le corps entier est parfois une déformation, une dé-construction que le peintre le plus scrupuleux aurait intérêt à confier à des processus quasiment abstraits qui conduiraient dans ce cas à une plus juste représentation.

23/5/11
La présence enfin du petit bouchon indique à l'usager qu'il est bientôt libre d'interrompre l'exercice obligé, même si des résidus de pollution tendraient à laisser penser le contraire.
Mais contre toute apparence, l'attitude recommandé est de faire confiance à la procédure en usage.

16/5/11
Quand elle passe, ses yeux bougent en plusieurs directions, comme envers des auditoires et ses lèvres s'ouvrent comme pour extraire le mot.
Alors, on regarde où peut se trouver le fil blanc ou l'oreillette du téléphone sans fil.
Comme il n'y en a pas, cela confirme l'idée que, depuis quelques mois, cette personne a la tête vraiment en mutation.


Dessins préparatoires pour "Autoprtrait dans le métro"